Le coup de chaleur est la plus redoutable des pathologies liées à la chaleur. Il concerne toutes les tranches d’âge de la population, du jeune sportif à la personne âgée, en passant par le travailleur exposé à la chaleur et au plein soleil.
Le coup de chaleur est défini par l’association d’une température supérieure à 40°C, d’un syndrome neurologique et d’une rhabdomyolyse (destruction des cellules musculaires) survenant dans un environnement où la dissipation de chaleur est impossible. Il se manifeste par une faiblesse, des céphalées, des nausées, un discret état confusionnel, une tachycardie et une lipothymie.
Sa dangerosité est liée principalement aux conséquences de hausse de la température corporelle. Il peut arriver brutalement et il est important de connaitre les quelques règles et conduites à tenir.
Le coup de chaleur peut avoir des conséquences graves, allant jusqu’au décès, s’il n’est pas diagnostiqué et pris en charge de façon précoce. Il a notamment été responsable de près de 30% des victimes de la canicule de 2003 en France. On distingue 2 types :
Le coup de chaleur non lié à l’exercice affecte des personnes aux âges extrêmes de la vie et dépendants ou connus pour des pathologies chroniques qui altèrent la régulation de la température corporelle (obésité, absence de sueur). Il se développe plus lentement que le coup de chaleur lié à l’exercice (quelques jours vs quelques heures).
Le coup de chaleur lié à l’exercice se développe chez des individus jeunes, en bonne santé, lors d’un effort physique intense dans un environnement chaud et humide, avec comme facteur de risque fréquemment retrouvé une sur-motivation, un esprit de compétition ou enjeu de sélection, faisant négliger les signes annonciateurs et incitant à la poursuite de l’effort.
- Les facteurs favorisants la survenue d’un coup de chaleur
- Environnement : température extérieure élevée (>20°C), hygrométrie > 75%, absence de vent
- Tenue vestimentaire inadaptée : tenues de combat imperméables, trop chaudes
- La déshydratation, majorée par la prise de diurétiques (fréquent chez la personne âgée)
- Utilisation de produits stimulants : caféine, amphétamines, toxiques (cannabis), alcool
- Médicaments interférant avec la thermorégulation, par une augmentation de production de chaleur (p.ex.thyroxine, tricycliques), diminution de soif (neuroleptiques p.ex. Haldol), ou diminution de transpiration (anti-histaminiques prescrits pour lutter contre les allergies et anticholinergiques)
La prévention consiste donc à
- Eviter les périodes les plus chaudes et humides pour pratiquer un effort physique
- S’hydrater suffisamment (boissons légèrement salées de préférence) avant, pendant et après l’effort, même en l’absence de soif
- Adapter la tenue vestimentaire à l’environnement et à l’effort
Les signes à ne pas négliger
Le début est généralement brutal, avec perte de connaissance, parfois mouvements convulsifs. Dans 20% des cas, on retrouve des signes annonciateurs (le plus souvent ignorés ou négligés par le sportif !) sous forme d’asthénie marquée, crampes musculaires, soif intense, céphalées, vertiges, confusion, voire agressivité, douleurs abdominales associées à des nausées/vomissements ou diarrhées.
Les principaux signes sont :
- Atteinte neurologique (toujours présente) : désorientation, agitation, amnésie, signes méningés, voire coma; des crises convulsives généralisées ne sont pas rares.
- Atteinte cardiovasculaire (constant) : dans les formes bénignes: accélération du rythme cardiaque avec chute de tension qui se corrige lorsque la personne s’hydrate suffisamment; dans les cas les plus graves : états de choc avec effondrement des résistances périphériques, troubles du rythme cardiaque et ischémie.
- Hyperthermie : LE symptôme clé ! Température > 40°C, avec des valeurs extrêmes pouvant dépasser 43°C !! La peau est sèche, rouge et chaude, mais on peut parfois observer une sudation abondante.
EVOLUTION
Si les signes sont reconnus rapidement, et que la personne est réhydratée, les troubles de la conscience durent environ une heure et la température diminue en 24 heures sans séquelles. Si les symptômes sont ignorés, cela peut conduire à une forme plus grave, avec des séquelles neurologiques et des atteintes au foie qui peuvent subsister. Le taux de mortalité est de 21% et dans 10% des cas, le décès survient dans les 24 premières heures après une défaillance de plusieurs organes (système nerveux, foie, coeur, reins).
Les suites d’un coup de chaleur semblent être en relation avec le délai de la prise en charge, à l’importance de l’hyperthermie, et à sa persistance sous traitement. Comme pour d’autres pathologies, il y a une notion de « golden hour » pour l’obtention d’un refroidissement efficace. L’amélioration rapide de l’état de conscience pendant le refroidissement est un facteur pronostic favorable. Par conséquent, la priorité doit être donnée à une diminution rapide de la température corporelle et à la réhydratation.
RECOMMANDATIONS DE PMSE
- Installation -> Installer la personne à l’ombre, dans un endroit frais et ventilé et la déshabiller.
- Techniques de refroidissement -> Asperger la personne d’eau tiède et l’exposer dans un courant d’air; en Arabie Saoudite, une technique appelée « Body Cooling Unit » a été mise au point pour traiter les pèlerins de la Mecque, victimes de coups de chaleur. Elle consiste à vaporiser sous pression de l’eau refroidie à 15°C et d’y associer un courant d’air chaud (45-48°); ceci permet d’abaisser la température cutanée. La vaporisation surtout, permet de préserver la vasodilatation cutanée, permettant ainsi une dissipation de la chaleur. Plus simplement, on peut humidifier le corps avec des linges humides tièdes (20- 30°C), puis appliquer un flux d’air avec un ventilateur OU appliquer de la glace ou de l’eau froide (si la glace est mal tolérée) au niveau du cou, des aisselles et à l’ aine, tout en massant vigoureusement la peau.
… mais surtout éviter…
- L’immersion totale de la personne dans de l’eau froide qui permet certes un refroidissement rapide, est dangereuse car peut induire des arythmies cardiaques; de plus, elle complique la surveillance et l’accès à la personne et elle est souvent très mal tolérée.
- Les médicaments pour faire baisser la fièvre ne doivent pas être utilisés car ce n’est pas le « thermostat » qui est déréglé (comme lors d’infections), mais la thermolyse qui est défaillante ; de plus, ils ont tendance à induire des troubles de la coagulation et des atteintes au foie.
ETAPES-CLES
- Y PENSER
- REFROIDIR
- HYDRATER
- OXYGENER (en milieu hospitalier et/ou par le personnel d’urgence)
Dans les entreprises dont les employés sont exposés à des chaleurs extrêmes ou travaillant en plein soleil, nous recommandons de mettre à leur disposition des équipements de protection adaptés : casques, casquettes, lunettes, crème solaire. Nous recommandons aussi de ne pas travailler torse nu et de porter des vêtements légers. Et surtout, de mettre à disposition pendant la canicule une distribution d’eau facilement accessible à chacun.
Se rappeler que sous une T° de 38°C , les pertes hydriques sont d’environ 7,2 litres/24hrs au repos et peuvent augmenter jusqu’à 1,5 litres/par heure lors d’exercice physique. L’hydratation est donc primordiale.
Pour des informations sur le départ en vacances ou la protection soleil & chaleur lors de travaux à l’extérieur, nous vous invitons à revoir dans nos archives, les actualités sur ces sujets. Dans le magazine Prévention BTP de juillet-août 2009, vous retrouvez aussi un récapitulatif des risques et mesures de prévention pour traverser l’été sans gros ennuis.
A tous nos collaborateurs(trices) et partenaires, nous souhaitons un bel été et des vacances sans soucis!
REFERENCES
http://www.swissrescue.ch/dossier/bulletin_smur/40_coup_chaleur.pdf
http://www.linternaute.com/pratique/sante/gestes-d-urgence/1263/coup-de-chaleur.html
“ABC de l’été, pour travailler sans encombre”, Prévention BTP
[…] des risques liés à la chaleur (par ex., notion d’acclimatement, signes d’alerte du coup de chaleur, etc.) et des mesures de premiers […]