Cette actualité sur le sujet brûlant de la vaccination contre la rougeole a pour but d’informer au mieux les personnes qui souhaitent prendre une décision éclairée, basée sur des éléments scientifiques quantifiables, plutôt que sur une idéologie risquée.
Nous reproduisons ci-dessous un extrait du bulletin d’InfoVac de février 2009, qui résume la problématique de manière claire et cohérente, tant il nous a paru essentiel de diffuser largement cette information.
Le retour dramatique de la rougeole dans l’actualité fait ressurgir des affirmations relevant du “dénialisme” – c’est-à-dire le déni du savoir scientifique (Diethelm PA et al, Eur J Public Health 2009 ;19 :2-4). Celui-ci utilise des arguments rhétoriques pour donner l’apparence d’un débat légitime alors qu’il n’y en a aucun tellement les évidences sont claires : « le VIH ne cause pas le SIDA, le tabagisme passif ne cause pas le cancer, l’homme n’est pas issu de l’évolution biologique, l’activité humaine n’est pas responsable du réchauffement climatique, et le vaccin contre la rougeole est plus dangereux que la maladie, bénigne et même utile ».
Le dénialisme est promu par idéologie, par l’impossibilité d’accepter les évidences contraires à ses croyances fondamentales et/ou par le statut de « célébrité » que les medias accordent volontiers à ceux qui s’opposent à la majorité. Il repose sur 5 arguments :
- la théorie du complot : « si toutes les études indépendantes conduisent aux mêmes résultats c’est qu’il y a une conspiration cachée entre l’industrie, les autorités de santé et les experts » ;
- le recours à de pseudo-experts et pseudo-références scientifiques – et le dénigrement des experts scientifiquement reconnus en leur prêtant des motivations financières cachées ;
- le recours aux rares études dont les résultats vont à contre-courant des autres – comme la citation du fameux papier de Wakefield (Lancet 1998), dont 10 sur 13 auteurs se sont rétractés mais qui continue à être cité pour soutenir l’accusation d’un lien entre vaccination ROR et autisme ;
- l’exigence de conditions impossibles à satisfaire – comme de prouver que l’élimination de la variole n’a rien à voir avec la survenue du VIH ou que la vaccination contre la rougeole n’est pas responsable de l’apparition d’obésité, de cancers ou de maladies auto-immunes des dizaines d’années plus tard ;
- l’utilisation de représentations erronées – comme de prétendre que la Nature est toujours bonne.
Le dénialisme doit être identifié et dénoncé en tant que tel, parce que la réponse académique normale à un argument contraire, consistant à en analyser les forces et les faiblesses dans un débat devant faire surgir l’évidence scientifique, n’a pas prise sur cette approche qui ne reconnait pas les règles scientifiques (Diethelm PA et al, Eur J Public Health 2009 ;19 :2-4).
Le but de ce bulletin spécial n’est donc pas de convaincre ceux qui ne veulent pas l’être, mais de rappeler que l’opposition d’une petite minorité de la population à la vaccination ROR met en danger les 2’000-3’000 personnes (3-5%) par année qui ne répondent pas à la vaccination, les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés et tous nos patients immuno-supprimés. Même sans parler du risque d’exportation du virus dans des pays moins privilégiés, c’est une situation que nous jugeons inacceptable !
Que répondre à l’affirmation que la rougeole est une maladie bénigne ? Selon l’OMS, la rougeole causait 8 millions de décès chaque année dans le monde jusque dans les années 70. Grâce à la vaccination, les décès ont diminué à 870’000 en 2000, 242’000 en 2006 et 197’000 en 2007. La rougeole tue environ un malade sur 100 dans les pays pauvres et un malade sur 1000 dans les pays riches. En Europe, 19 décès ont été recensés entre 2005 et 2007. En Allemagne, 2 décès ont eu lieu pendant l’épidémie de 2006. En Suisse, une fillette de 12 ans résidant près de Genève est décédée fin janvier du virus D5 circulant en Suisse. Et parmi les 3400 malades recensés dans l’épidémie actuelle, 250 (1 sur 15) étaient tellement malades qu’ils ont dû être hospitalisés, y compris 143 pneumonies et 8 encéphalites.
Pour des réponses plus détaillées aux questions ci-dessous, vous trouverez le bulletin d’InfoVac dans son intégralité en consultant le lien suivant: http://www.infovac.ch/index2.php?option=com_docman&task=docget&Itemid=1&id=551
- Peut-on dire que la rougeole est une maladie d’enfance ?
- Est-ce vrai que la rougeole est bénigne avant l’adolescence ?
- Que répondre à l’affirmation que la rougeole renforce l’immunité ?
- L’élimination de la rougeole est-elle possible ?
- Est-ce vrai que le vaccin combiné rougeole-oreillons-rubéole affaiblit l’immunité ?
- Quels sont les risques de la vaccination ROR ?
- La vaccination protège-t-elle de façon durable ?
- Que faire pour une jeune femme ayant eu 2 doses de vaccin ROR mais dont la sérologie rougeole est négative ?
- Une maman peut-elle être vaccinée dans le post-partum sans risque de transmission à son nouveau-né même si elle allaite ?
- Un enfant de 8 mois va entrer en crèche : puis-je le vacciner ?
- Que faire pour les moins de 6 mois exposés à la rougeole ?
C.A. Siegrist, C. Aebi, C. Berger, D. Desgrandchamps, A. Diana, U. Heininger, B. Vaudaux
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Mars 2009