LES TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES: un enjeu économique et social

LES TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES: un enjeu économique et social

Les TMS sont la première cause de maladie professionnelle : avec une progression du nombre de cas de 20% par an ces 10 dernières années, les conséquences sur l’économie suisse se chiffrent en milliards de francs chaque année.

Dans ces pages d’actualité mensuelles, nous aborderons des enjeux de santé publique défiant les différents acteurs de la prévention et du maintien de la santé en entreprise.
Les TMS sont le problème de santé lié au travail, le plus fréquent en Europe. En Suisse en 2005, 1 personne active sur 5 se plaignait de maux de dos et 1 sur 8 de douleurs musculaires. Les TMS seraient également responsables de 22% des cas d’invalidité, ce qui montre bien l’importance de l’enjeu économique et social qu’ils représentent dans le monde du travail.

Définition
C’est une pathologie résultant d’une utilisation professionnelle excessive ou d’une hyper sollicitation des articulations, causée par certaines formes d’activités répétitives.
Ils atteignent les structures anatomiques telles que muscles, articulations, tendons, ligaments, nerfs et circulation sanguine locale ; le syndrome du tunnel carpien, la tendinite, les douleurs dorsales et lombaires font partie de ces lésions attribuées au travail répétitif ou « occupational overuse syndrom ». Les troubles musculo-squelettiques se manifestent par de la douleur, mais aussi par de la raideur, de la maladresse ou une perte de force quand il s’agit de l’atteinte des membres supérieurs.

Solutions & prévention
En règle générale, le risque de survenance est associé à des facteurs physiques, organisationnels et psychosociaux. En plus des gestes et postures au poste de travail, des phénomènes tels que certaines modalités d’organisation, la perte de contrôle du travail, la réduction des marges de manœuvre du salarié, les relations interpersonnelles conflictuelles peuvent entraîner un état de stress qui augmentera le niveau de sollicitation biomécanique.

Bien que la problématique demeure complexe, des risques correctement évalués et la mise en place de mesures de prévention efficaces peuvent réduire l’émergence et le développement de TMS dans les entreprises.

Faute d’une réaction suffisante de l’entreprise, l’apparition d’une première pathologie chez un salarié reste rarement un cas isolé. Elle est souvent suivie d’autres épisodes ainsi que d’autres cas chez ses collègues de travail.

Les principales mesures de prévention sont :

1) un diagnostic le plus précoce possible par

  • un suivi médical des salariés en vue de détecter les premiers symptômes de TMS
  • un suivi des accidents et incidents pour examiner en quoi l’organisation du travail ou les équipements utilisés en sont responsables

2) une modification de l’organisation du travail

  • la limitation du travail répétitif par la rotation des postes
  • l’enrichissement et l’élargissement des tâches : les postures et les gestes sont alors plus variés, chacun d’eux étant moins fréquent
  • l’augmentation de l’autonomie des opérateurs entre eux et vis à vis du système technique (cadences)
  • l’ergonomie des postures, des outils, du geste : une étude vidéo du poste de travail peut être utile et mettre en lumière les causes d’apparition des troubles pour mieux y remédier.

Intervention par PMSE : expérience concluante
Si les troubles musculo-squelettiques peuvent affecter n’importe quel travailleur, il est possible de prévenir leur apparition en évaluant les tâches, en mettant en place des mesures préventives et éducatives adéquates et en vérifiant leur efficacité. Ces méthodes sont préparées, proposées et réalisées avec les collaborateurs eux-mêmes. L’ intervention proposée est basée sur les concepts de l’éducation thérapeutique du patient, des théories du changement du comportement et des techniques de «l’empowerment» (réf.3).

PMSE, service de santé du travail, a développé une approche éducative de proximité visant l’anticipation de la chronicité des troubles & la prévention de leur apparition, par la sensibilisation du personnel aux facteurs favorisant les TMS et l’analyse de leur poste de travail. L’intervention se fait sur deux axes: individuel et collectif. L’impact de cette démarche a été évalué sur 3 ans dans une entreprise du bâtiment. Les résultats sont probants avec une diminution de 57,6% des jours d’absences pour raison de TMS et une réduction de 93% des invalidités sur les 3 ans. (réf.1)

Pourquoi se préoccuper des TMS ?
Si nous nous reportons à la notion fondamentale selon laquelle la connaissance serait la première étape d’une gestion correcte des risques ( réf.2), la grande méconnaissance des facteurs de risque dans de nombreux milieux professionnels est un sérieux handicap pour l’évolution des comportements.

L’intervention de proximité à la place de travail permet de détecter et de valider les besoins, de responsabiliser l’individu et le groupe et de faire prendre en considération les difficultés du travail et son impact sur la santé au niveau de l’encadrement.

La responsabilité de chacun face à la mise en évidence de ces facteurs permet d’analyser les phénomènes et de prendre des mesures préventives pour le bien de chacun. Les résultats positifs sont le fruit d’une collaboration étroite de partenariat entre les directions, les employés et le service de santé du personnel qui construisent ensemble une entreprise promotrice de santé basée sur la responsabilité partagée tant au niveau individuel que collectif. Ils sont le fruit d’un travail de proximité réalisé en partenariat avec tous les acteurs impliqués qui les amène peu à peu à prendre conscience de l’importance de l’impact du travail sur la santé.

L’ensemble de la démarche a inévitablement des répercussions en terme de diminution des coûts relatifs à la santé, autant pour l’entreprise (absentéisme, productivité) que pour le salarié (intégrité physique & psychologique, motivation, bien-être) ou les assurances sociales (perte de gain, invalidité, aide sociale). C’est dire que dans cette approche, toutes les parties en jeu sont gagnantes, une bonne raison de se préoccuper des troubles musculo-squelettiques plutôt que de les ignorer et d’en subir les conséquences humaines & financières.

Liens utiles & références :
A. Rieker & A. Golay, Une nouvelle approche éducative de proximité visant le retour au travail, Revue Médicale Suisse, avril 2008
Anne Laude, Didier Tabuteau – De l’observance à la gouvernance de sa santé, Livre collectif Edition PUF, paru le 27.11.2007
Aujoulat I, L’empowerment des patients atteints de maladie chronique : des processus multiples : auto-détermination, auto-efficacité, sécurité et cohérence identitaire, Thèse Doctorat Santé Publique, Louvain, Belgique janv 2007
Définition : www.med.univ-rennes1.fr/resped/s/medtra/troubles_musc-squel.htm
Enjeu : www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fr/AccueilDossiers/AccueilDossiers_dossier-tms_1.php
Campagne « Allégez les charges » : ew2007.osha.europa.eu/about.htm
Travail debout- assis : www.inrs.fr

Mars 2008