Les ados et le high-tech, quelle gestion possible?

A une époque où l’utilisation de la technologie semble être devenue un mode de vie, comment faire prendre conscience à nos adolescents des conséquences sur leur santé de l’utilisation abusive de ces outils ludiques et attractifs.

Entre Smart phones, ordinateurs portables et tablettes, consoles de jeux vidéo et télévisions numériques, il devient de plus en plus difficile, pour les adolescents, de limiter l’utilisation de ces technologies. Et c’est sans compter avec leur utilisation de plus en plus généralisée dans les milieux scolaires.

Combien de parents sont confrontés à des ados dont le sommeil est compromis par un ordi ou un baladeur qui reste allumé une bonne partie de la nuit? Il est reconnu que 8-9 heures de sommeil sont nécessaires dans cette période de grandes transformations biologiques et psychologiques. Rappeler à l’adolescent les valeurs du sommeil est important, surtout à ceux qui ont du mal à sortir du lit le matin

De plus, une alimentation faite de collations riches en sucre et prises rapidement contribue à la privation de sommeil, au manque de concentration  et d’énergie dont se plaignent  souvent  les jeunes, en ignorant que ces états sont directement reliés à leur hygiène de vie et leurs choix alimentaires. Des collations saines: bananes, pommes, oranges, melons, barres de  céréales apportent une nutrition adéquate, entre les leçons et les périodes d’examens. Des repas sains, pris à la maison, aideront les adolescents en leur permettant d’aller au lit et de dormir d’un sommeil ininterrompu et de se réveiller avec une sensation d’être reposé.  Un petit déjeuner fait de céréales à grains entiers et de fruits les soutiendra pendant une période plus longue, améliorant leur concentration et permettant d’attendre le repas de midi.

COMPRENDRE POUR MIEUX PREVENIR

Quatre éléments de compréhension permettent de cerner au mieux les phénomènes actuels et d’en dégager des pistes de prévention.

  • Tordre le cou à la croyance qu’il existe une  cyberdépendance, c’est-à-dire une addiction propre à internet, alors que ce dernier n’est que l’outil de prédilection d’une dépendance aux jeux. Nombre d’intervenants ont le sentiment qu’Internet est la cause des addictions sans drogue alors qu’il n’est que le média privilégié.
  • Une distinction doit être faite entre, d’une part les addictions comportementales qui relèvent de la pathologie adulte, et d’autre part, un comportement qui s’avère omniprésent ou compulsif au quotidien, sans pour autant en faire une pathologie.
  • Le troisième élément interroge l’influence de l’environnement dans l’augmentation de ces comportements. En premier lieu, le dictat croissant de l’autonomie traque le moindre comportement qui présenterait un signe de dépendance ; comme si ces conduites ne nous aidaient pas à vivre ! Viennent ensuite les sentiments d’insécurité, de vulnérabilité et de précarité en tous genres, constatés de manière grandissante et partagés par tous dans nos sociétés. Ces sentiments anxiogènes de fragilisation individuelle entraînent le recours à des comportements pouvant réduire les tensions internes car ils font fonction de nouvelles normes sociales.
  • Enfin, concernant les relations particulières des jeunes avec les technologies de l’information et de la communication, les études montrent que la très large majorité des adolescents appréhendent les risques et mettent en place de manière relativement autonome des stratégies d’évitement des sollicitations involontaires. « Ainsi, Internet constitue, pour une majorité de jeunes n’ayant pas de véritables problèmes relationnels, un facteur de développement et d’intégration sociale. » (Metton – Gayon 2009)

Une prévention majoritairement orientée sur l’éducation

Il est question ici de prévenir l’adoption de comportement addictif (impulsivité et perte de contrôle) sur les actes de la vie quotidienne  qui sont également sources de plaisir et de développement.  Il n’est donc pas question d’interdire mais d’accompagner des expérimentations, des habitudes de vie, des choix qui respectent l’autre et sont favorables à l’équilibre physique, psychique et social de l’individu.

En amont, le développement des compétences psychosociales permettra à l’individu et à son environnement de faire face à cette fragilisation autrement (prévention) ou de manière moins dommageable (réduction des risques).

La prévention par des actions éducatives visera le développement des compétences psycho-sociales telles que :

  • L’estime de soi
  • La capacité à gérer les émotions, le stress, la pression du groupe
  • L’aptitude à rentrer en lien avec l’autre, à résoudre les conflits et les problèmes
  • La capacité à construire une pensée critique

Les parents ont le droit de dire non!

Il ne faudra pas s’étonner de l’abus d’utilisation si les parents adoptent une attitude de passivité.  S’il est convenu, par l’établissement de règles, d’éteindre le téléphone à table ou de ne pas utiliser l’ordinateur dans la chambre à coucher après une certaine heure, ces limites permettront à l’adolescent de limiter sa consommation, de se structurer et d’éviter le glissement vers l’addiction, le “sans limite”… C’est dans le dialogue, lorsqu’il est possible, que l’éducation se met en place.

DES OUTILS

Il y a aussi une préoccupation sur la manière d’utiliser Internet et les informations que les ados y trouvent autant que celles qu’ils mettent à disposition de leur amis ou d’inconnus malveillants, sans vraiment prendre conscience des conséquences. Parmi les nombreuses ressources permettant d’aborder l’identité numérique et la protection des données, certaines sont davantage susceptibles de « parler » aux adolescents en s’adaptant à leur langage, leur mode de vie et leurs centres d’intérêts. Elles constituent une excellente base de réflexion sur l’utilisation d’Internet, du téléphone portable, des jeux vidéo, sans les diaboliser mais en les intégrant de façon plus raisonnée

L’association E-Enfance a conçu le film interactif « Derrière la porte », un court-métrage dont l’internaute est le héros : c’est à lui de créer l’histoire  et de décider de sa fin.  Le film met en scène  deux adolescents dans leur pratique des technologies d’aujourd’hui. L’idée est originale, les situations et les dialogues crédibles…

L’ONG Action innocence (qui agit pour une meilleure protection des enfants et des adolescents sur Internet) a publié le Netcode, un petit livret de dix bandes dessinées assorties de dix principes rappelant aux ados que, sur internet, ils ont des droits mais aussi des devoirs. Dans un langage proche des adolescents, ciblant leurs intérêts, chaque affiche est percutante…

Parmi les “MémoTice”, éditées par le Centre régional de documentation pédagogique de l’Académie de Versailles pour accompagner les usages autour des TICE, “Ma vie en numérique” est une brochure synthétique sur la construction de son identité numérique, accompagnée des « bonnes questions » concernant  l’utilisation des réseaux sociaux.

Le programme de Serious Game 2025 ex machina a pour objectif d’amener les 12-17 ans à porter un regard critique sur leurs usages d’Internet fixe et mobile. Le jeu s’articule autour de 4 épisodes, chacun abordant un usage spécifique du web : réseaux sociaux, Internet mobile, jeux vidéo en ligne, Blog, t’chat, forum.

Références

http://lewebpedagogique.com/surlefil/2011/03/30/l%E2%80%99utilisation-des-technologies-par-les-adolescents-des-outils/

http://www.e-enfance.org/

HEBDO magazine, N°12, 21 mars 2013

Les  adolescents, leur téléphone et Internet, “Tu viens sur msn?”, Céline Metton-Gayon, Ed.L’Harmattan, 2009

PMSE SA / Mars 2014